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un an off en famille
12 mars 2010

Des sacs plastic aux accessoires de mode

Malgré une croissance économique fulgurante et la modernisation générale de Delhi, la pauvreté de familles entières qui vivent dans la rue crève les yeux, des montagnes de détritus bordent la ville. Même si les affiches « Green Delhi » sont très visibles, les trottoirs sont encore très encombrés.

Anita a longtemps travaillé sur des projets de recyclage de déchets, de compostage de rejets ménagers sur des terrains donnés par la municipalité. Impliquée directement avec les ramasseurs d’ordure, elle a souhaité monter un programmes de sensibilisation, de formation et qui créeraient de l’emploi. Elle a donc fait des expérimentations avec le plastic, une matière très maléable, lavable, colorée, et que l’on trouve en quantité dans la ville…IMG_2086 Auteure politique à l’origine, Anita crée avec son mari ingénieur en 1998 Conserve India. Cette ONG mixe leurs compétences pour travailler sur les problématiques du social et de l’environnement, par la production de sacs en plastiques recyclés.

Des familles pauvres ramassent dans la rue des sacs plastiques que Conserve collecte et transforme par un procédé industriel tenu secret en une matière solide, souple et colorée. Six mois de recherches techniques en équipes ont abouti à une solution pour le recyclage de sacs plastiques, mais aussi à une nouvelle matière qui intéresse les designers indiens et européens. Ainsi cette toile plastifiée sert pour des sacs-cabas, des accessoires, comme des ceintures, des chaussures… Toute une gamme de chaussures vient de faire l’objet d’une collaboration entre Conserve et deux créatrices de Lyon ! Pour conquérir sa vingtaine de clients et distributeurs dans le monde entier, Conserve diversifie ses modèles et ses matières : la toile peut être imprimée, mais ce sont aussi aujourd’hui de vieux saris, des pneus et des ceintures de sécurité de voitures, d’avion qui sont recyclés pour des bijoux, des pochettes… 

Dans le quartier de Patparganj Industrial Estate, l’immeuble de plusieurs étages, qu’elle habitait initialement, est aménagé en bureaux où une dizaine de personnes travaillent à la gestion administrative, un volontaire anglais (en mission pendant son voyage autour du monde) renouvelle le site Internet, en  ateliers, salles de réunions, show-room.

DSC_0116De la récolte des plastiques à la production en ateliers de coupe, couture, collage, assemblage, quelques 300 personnes gagnent un salaire chaque mois. Mais plus qu’un revenu financier, les salariés de Conserve India trouvent une dignité, un accompagnement social et professionnel qui leur permet d’envisager un avenir pour leur famille.

 Un business social et écologique

Pour extraire les plus démunis de la pauvreté et de la ségrégation et leur donner un début d’estime d’eux, dans cette société régie par les castes, Anita s’entoure de travailleurs sociaux expérimentés. Le suivi social, la formation professionnelle prennent au moins un an pour gagner la confiance d’hommes et de femmes qui ne se sont jamais considérés comme capables d’évoluer. En effet, le système des castes dans la société indienne crée une hiérarchie immuable, source de violences et d’agressivités. Y promouvoir l’égalité et la dignité de tous est un vrai challenge pour Anita, qui voyage beaucoup pour son métier d’auteure politique. Elle croit en la collaboration et multiplie les partenariats pour le design, la création artistique et la formation. Pour assurer le développement à grande échelle de l’activité, Anita privilégie les partenaires en qualité, plus qu’en quantité : elle souhaite bien connaître les acteurs avec qui elle travaille, et prend donc le temps qu’il faut pour avancer, comme avec l’Institut du Développement Design de Delhi. Mais au niveau financier, elle prône « l’autosuffisance ». Les ventes parviennent entièrement à assumer le fonctionnement de Conserve. Aucune aide n’est reçue du gouvernement qui travaille pourtant au tri des déchets. Elle trouve son action fatigante physiquement et émotionnellement, mais tout engagement doit être mené avec passion : « tu ne peux pas être engagé auprès des plus pauvres si tu n’es pas passionné… ce n’est pas facile » DSC_0113Pourtant, dans l’énergie qui est la sienne, dans les 5 ans à venir, elle envisage d’étendre l’action de Conserve, en Afrique, par exemple, « partout où il y aura des besoins et des possibilités de développer notre processus qui fait ses preuves à Delhi ». Avec des clients impliqués dans le commerce équitable, tels que Alter Mundi ou Fair Trade Original, et l’ouverture de l’équipe, la déclinaison du savoir-faire de Conserve India s’annonce possible dans d’autres zones géographiques.

Des autres femmes créatives du monde, elle souhaite connaître leurs engagements, leurs motivations, ce qui les stimule et les pousse à agir. Elle est volontaire pour apprendre à les connaître et voir comment nouer de nouvelles collaborations. 

 

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